L’évaluation des politiques publiques au Maroc a connu des évolutions significatives, essentiellement depuis les réformes institutionnelles de la dernière décennie. Cette recrudescence trouve toutes ses explications grâce à plusieurs facteurs dont notamment :
- – L’importance des politiques publiques au niveau national qui reflète les priorités du Royaume et les objectifs du programme gouvernemental.
- Les orientations clairvoyantes de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, à travers ses discours, de l’importance de placer le citoyen marocain au centre des préoccupations de développement et des politiques publiques, en soulignant la nécessité de concevoir des politiques publiques rigoureusement élaborées, cohérentes, complémentaires, harmonieuses et intégrées.
- La place centrale des politiques publiques dans les recommandations du Nouveau Modèle de Développement, par la mise en place de plusieurs principes d’action comme:
- Le renforcement de l’approche axée sur les résultats et l’impact pour le citoyen
- Le développement d’une approche systématique et partenariale
- L’Amélioration des compétences
- La promotion de la subsidiarité des territoires
- L’Intégration systématique des enjeux de durabilité des ressources et d’efficacité dans les choix de développement
Ceci a été concrétisé notamment par la mise en œuvre de plusieurs actions afin d’institutionnaliser la culture de l’évaluation, et ce par le renforcement, dans la constitution de 2011, des rôles des instances de contrôle a priori et a posteriori, en l’occurrence, les institutions du Parlement et de la Cour des Comptes, en les rendant responsables de l’analyse des résultats des politiques publiques. Aussi, en 2022, on recourt à la création du Ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques Publiques (MICEPP), pour centraliser et améliorer le suivi et l’évaluation des politiques publiques, qui parmi ses principales missions : i) l’Évaluation de la cohérence des politiques publiques et sectorielles, et la veille à l’harmonisation et au développement des systèmes de convergence et d’évaluation ; ii) D’en assurer une veille stratégique dans les domaines de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques.
Mais si l’évaluation des politiques publiques est une pratique relativement récente au Maroc, entrainée de facto par l’importance qu’elle occupe dans le processus démocratique, cette dynamique vise, néanmoins, à établir une culture d’évaluation systématique et à renforcer l’action et la responsabilité gouvernementale.
Toutefois, le passage d’une politique axée sur les moyens à une gestion axée sur les résultats dénote de l’importance de l’évaluation et sa contribution fondamentale à la caractérisation de la pertinence, de l’efficacité et de l’efficience des interventions publiques.
L’une des problématiques qui s’impose actuellement réside dans la nécessité de maitriser les concepts, les outils et la pratique d’une évaluation des politiques et des programmes modernes et de qualité.
En effet, l’évaluation des politiques publiques joue un rôle essentiel dans l’amélioration des systèmes de gouvernance, et ce, de plusieurs façons. Elle permet notamment de :
- Rationaliser les décisions budgétaires : en fournissant des données et des analyses qui éclairent le processus de décision.
- Contribuer au débat public : en offrant des informations pertinentes qui alimentent les discussions sur les politiques.
- Faciliter le pilotage décisionnel : en aidant les décideurs à suivre et à ajuster les politiques en cours.
- Servir de médiation : en établissant un dialogue entre les différentes parties prenantes.
- Favoriser l’apprentissage : en tirant des leçons des expériences passées pour améliorer les futures interventions.
- Mobiliser les acteurs : en encourageant l’engagement des différents acteurs concernés.
Ceci dit, sans toutefois négliger son apport cognitif, qui enrichit la compréhension des enjeux et des impacts des politiques mises en œuvre par toutes les parties prenantes et le citoyen en l’occurrence.
L’évaluation des politiques publiques représente un levier essentiel pour assurer une gestion efficace des projets et programmes. Une telle gestion favorisera l’émergence d’un nouveau modèle de management public, caractérisé par la participation active des citoyens ainsi que des acteurs publics, semi-publics et privés.
Pour qu’une démarche évaluative soit couronnée de succès, elle doit intégrer à la fois une approche pluraliste et participative, reposant sur un compromis entre toutes les parties prenantes concernées. Cela permettra une meilleure appropriation des résultats de l’évaluation.
De plus, il est crucial de se pencher sur la diffusion et la valorisation des résultats et des méthodes d’évaluation. Cela facilitera l’ajustement des actions en cours et l’évolution des pratiques organisationnelles.
Néanmoins, ce processus n’est pas sans défis, et parmi ces défis majeurs on peut citer :
- La nécessité d’une Coordination Intersectorielle où la convergence des politiques publiques est cruciale pour assurer leur efficacité. Cela nécessite une coordination efficace entre différents secteurs et niveaux de gouvernement pour éviter les doublons et maximiser l’impact sur les citoyens ;
- La primauté du Renforcement des Capacités et le développement des compétences au sein des institutions pour mener à bien ces évaluations. Cela inclut la formation du personnel sur les méthodes d’évaluation et l’utilisation des données
- Le devoir de l’Implication de la Société Civile car la participation active des acteurs non-gouvernementaux est très encouragée dans le processus d’évaluation, ce qui contribue à une meilleure transparence et responsabilité dans la mise en œuvre des politiques publiques.
En somme, bien que le Maroc ait fait des progrès notables dans l’évaluation de ses politiques publiques, il reste encore des défis à relever pour garantir leur efficacité et leur pertinence face aux besoins changeants de la société.